Dans son livre Les Quatre Saisons de la bonne humeur, le Pr Michel Lejoyeux, professeur de psychiatrie et d’addictologie à l’université de Paris-VII, livre quelques recettes simples pour cultiver son appétit de vivre au quotidien.Les Quatre Saisons de la bonne humeur (Éditions JC Lattès).

 L’incapacité à croire qu’on peut agir sur soi est l’obstacle majeur.

Michel LEJOYEUX. -En dehors de certaines pathologies physiques ou psychiques qui altèrent cette faculté et peuvent induire un risque dépressif, je dirais que l’incapacité à croire qu’on peut agir sur soi est l’obstacle majeur. Trop de personnes ignorent encore que chacun peut s’entraîner à améliorer sa vie émotionnelle, sa bonne humeur. Et cela n’est pas seulement une vue de l’esprit ou un trait de bon sens: toutes les données scientifiques récentes que je présente dans mon livre le confirment. Elles sont utilisables simplement et personnellement et prouvent que le bien-être est vraiment affaire d’entraînement. Avec bien sûr la croyance que cela va marcher. Cette idée qu’on peut, par ses comportements quotidiens, améliorer sa condition cardiaque est désormais acquise, et aussi dans d’autres champs de la médecine. Pourquoi cela serait-il différent concernant les facteurs psychiques? Avec les immenses progrès de l’imagerie cérébrale notamment, les petits changements induits par certaines habitudes prises au quotidien ne doivent plus faire douter.

L’activité physique augmente de 30 % le goût de vivre

En premier lieu, et avant les choix alimentaires et la présence consciente, je dirais l’activité physique. Des revues entières ont désormais prouvé que pratiquer régulièrement une activité motrice augmente nos taux d’endorphines, de sérotonine et d’adrénaline, hormones porteuses de bien-être et d’équilibre face au stress. Une récente étude a même montré que marcher à pas rapide, et seulement six minutes par jour, augmente de 30 % le goût de vivre et a autant d’effet qu’une pratique physique qui épuise! Cela nous incite à sortir du «tout ou rien» qui empêche trop souvent de passer à l’action, ainsi que le fait de placer la barre trop haut. Non, pas besoin d’être un marathonien pour se faire du bien, pas besoin de se lancer dans des sports extrêmes… En revanche, être capable de garder en continu une activité motrice afin d’accélérer de 30 % notre rythme cardiaque est déterminant. Car nous le savons, le grand ennemi de la santé physique et psychique aujourd’hui, c’est la sédentarité.

Le manque de vitamine D engendre un «rachitisme de l’émotion et favorise la prise de poids

Oui, on a observé que certaines carences fréquentes aujourd’hui contribuent à altérer notre plaisir de vivre: le manque de vitamine D notamment est un problème pour beaucoup, et engendre un «rachitisme de l’émotion». Aller chercher la lumière du matin dès son réveil, ou compenser dans la journée le manque de luminosité avec une heure de lampe allumée sur son bureau, manger des sardines une fois par semaine… Autant de petites habitudes qui sont aussi importantes que prendre une ampoule de vitamine D par an. De plus, l’apport de lumière, outre l’action sur la morosité, diminue la ghréline, molécule qui maintient artificiellement la sensation de faim et pousse à grignoter.

Agir sur ses comportements au jour le jour

Absolument. Des légumes de printemps comme la courgette et la salade ont prouvé de réels effets antidépresseurs. De même, le fait de tenir son «journal de bonheurs» ou de remarquer les sourires autour de soi. Dans la plupart de mes consultations, où mes patients m’exposent essentiellement des problèmes de mode de vie, je prescris ces petites habitudes comme de véritables médicaments, et je préviens: «En plus, vous allez peu à peu aimer les installer dans votre quotidien.»
Bien sûr, parfois, en cas de maladie, il faut en passer par des traitements médicamenteux. Mais ceux-ci ne s’opposent pas au fait d’agir sur ses comportements au jour le jour. Dans tous les cas, ces habitudes toutes simples que je présente et préconise sont des expériences à la fois stimulantes et préventives.

Source : https://sante.lefigaro.fr

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